Designer à l’origine, mon processus de création commence par la recherche minutieuse d’objets abandonnés, de fragments de mobilier délaissés et voués à l’oubli, de sorte à constituer ma palette de semi-objets et de débris. Tiroirs solitaires, pièces érodées, et autres reliques inutilisées deviennent mes matières premières, des pièces d’un puzzle destiné à renaître. En tant que plasticien j’utilise le design comme le medium principal de mes sculptures.
Les sculptures qui émergent de ce processus singulier portent les stigmates du temps, des traces d’une existence antérieure. Elles sont teintées d’imperfection où la détérioration et l’usure en deviennent la patine. Laisser ces pièces vulnérables aux éléments raisonne également avec la fragilité inhérente à toute existence.
Contrairement à la démarche habituelle du designer qui consiste la plupart du temps à dessiner, à projeter son idée puis à la réaliser, ici ces sculptures se décident dans une certaine improvisation qui s’établit au grès des combinaisons entre matériaux, qui s’arrangent avec les éléments. Loin de tout objectif planificateur il est question d’adaptabilité, d’apprivoiser l’incertitude et de retrouver un temps soit peu du chaos.
À cette intention initiale s’ajoute la tentative de rapiécer ce qui peut apparaitre comme une absence d’ordre au départ, pour enfin aboutir à une confusion organisée.
Les rayures, les trous et les décolorations successives sont autant de stigmates qui rendront d’autant moins évidente la fonctionnalité hypothétique de ces pièces, un peu bancales
et surtout vivantes.
