ARTISTE / DURANS
Atelier DURANS
DURANS

Les toiles de Raphaël Durans avancent sans mots et sans cal- culs visibles, dans le souvenir des lignes de fuite qui ont précé- dé leur réalisation, nommées d’un simple numéro d’ordre,

seul indice du temps dans lequel elles furent peintes. Dans le souvenir du geste de la brosse sur la toile qui fait tout d’ailleurs pour se faire oublier dans la planéité mate, du geste de tension et d’assemblage des bois des châssis traditionnels. Il faudrait pouvoir en voir simultanément l’envers pour qu’apparaisse la complexité totale, mais l’essentiel n’est-il pas de savoir qu’elle est là, cette complexité, invisible et présente ?Un châssis à l’ancienne, un châssis-volume si important par rapport à ce que produirait une simple plaque de contreplaqué decoupé ou de métal, car le renouvellement de l’abstraction auquel Raphaël Durans aspire, vient de cette idée, que le tableau, même plat, est transformé en chose, que le châssis doit être intégré à la forme picturale et indiscernable d’elle, qu’il se présente avec la forme tridimensionnelle d’un objet qui se détache ensuite sur le fond de son environnement. Cela apparaît de façon très nette dans certaines de ses toiles blanches dont l’environnement gris sur lequel elles sont présentées devient lui aussi partie intégrante de l’oeuvre. Il y a là comme l’atteinte d’un idéal indépassable, inhérent à l’abstraction, celui

de la construction d’un « tableau objet » réintégrant l’oeuvre abstraite dans la réalité de son environnement.

Bernard COLLET, écrivain, critique d’art, commissaire d’expo- sitions

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