Mes projets commencent souvent par des analogies, des sérendipités ou des assemblages d’idées dans lesquelles je tente de faire coexister deux réalités a priori incompatibles. Les jeux de mots (souvent présents dans mes titres) ou les jeux de visions (trompe-l’œil) me permettent d’explorer avec ludisme ces assemblages en laissant une liberté de lecture aux regardeureuses.
Par exemple, quand Alice glisse dans le terrier du lapin blanc, elle découvre un monde étrange et familier. Dans ma pratique, j’utilise ce mot, glisse, comme un mode d’action, une posture qui questionne le regard et les sujets. J’aime ce mot pour sa polysémie qui me permet de détourner, rêver, contester, parodier tout en gardant du mouvement et des décalages. Ces décalages ou déplacements sont ceux de la matière que je retire ou déplace, ou ceux des regardeureuses qui se mouvoient pour observer mes productions. En effet, mes gestes s’apparentent aux traces, empreintes et impressions, qui demandent parfois un travail rétinien ou physique pour être vu. À cette famille de gestes s’ajoute l’univers visuel des boucles, des spirales et des ellipses qui invitent à voir les contournements et les détournements propres à la glisse.