C'est par l'illustration et la bande dessinée que Philippe Cheaoum a donné vie à ses premières fictions visuelles avant de rencontrer la peinture à l'École des Beaux-Arts de Marseille d'où il sort diplômé en 2022. Peintre d'une figuration assumée, l'évidence de ses influences transparaît sur la toile : dessin animé, jeu vidéo et science fiction se mélangent ensemble pour former un vocabulaire visuel dessinant les contours de sa propre fiction. Car pour Philippe Cheaoum, chaque nouvelle peinture ouvre un espace-temps propice à imaginer le nouveau chapitre d'une histoire et le décor d'une partie de jeu. En-dehors du support qu'elle représente, la peinture devient un outil de contrôle lui permettant d'imager les composantes de son imaginaire : une solution pour échapper à la banalité en devenant le héros aux commandes de sa fiction. Il peint comme il jouerait à un jeu, faisant primer une immédiateté d'un faire pour ne pas laisser la place aux doutes et à l'attente.
Philippe Cheaoum évoque dans sa peinture un futur alternatif dominé par l'influence du jeu vidéo, peuplé d'hybridations d'objets et de corps, chimères contemporaines à mi-chemin entre l'artificiel et le vivant. Ces éléments s'affrontent en eux et composent dans la toile dans des scènes de combats et d'actions, rythmées par la tension du contact. Sa peinture se révèle être la capture d'une image en mouvement, d'une partie de jeu en pause, dans laquelle évoluent des sujets bloqués malgré eux dans leur propre représentation figurative.
Mais l'artiste traverse lui aussi ces agitations dans son rapport avec la peinture, laissant la friction et le mouvement vivre au-delà de ses sujets picturaux.