Un subtil mécanisme mental, soit conscient, soit obscur, met au jour les traces
anciennes ou récentes, extirpées de la mémoire qui superpose les couches de vie
successives, les alluvions du temps.
Constructions de l’espace, aplats, reliefs, collages, incisions, lignes plongeant
le connu vers l’inconnu, signes, chiffres,
Effet de miroir récurrent, explicite dans la convergence des profils, identifiés
par un lessivage des traits, comme l’écriture elle-même se trouve brouillée par un
semblant de calligraphies ou par accumulation de matière, lettres et signes
semblent moins poinçonner la page qu’ancrer la présence.
Fausses lignes de fuite et ramifications soulignent une proximité avec le
regardeur qui est celle de la solitude originelle.
Au soir du 21 septembre 2001 est apparu sur la toile noire, un
personnage dressé, le regard dirigé vers le ciel, en total questionnement devant
l’indicible drame des twins towers, la consternation qui va donner son nom à ce
personnage ( le Consterné ) qui va habiter régulièrement, tant le parcours
personnel de l’artiste que ses toiles.
Les « Consternés » ne sont pas tant des masques qui interpellent que les
empreintes même de «l’existant» ramassé dans sa
stupeur d’être.
Plaies et bosses d’un parcours intérieur très intime. La distanciation toujours
à l’œuvre garantit la signification universelle de la gestuelle de l’artisteDanie Faurie multiplie les signes -
métaphores d’une forme d’écrit – faisant
de la toile une peau où les aspérités semblent une respiration sous la poussée
de la menace intérieure, et l’ensemble donne à voir une cité intérieure.
L’artiste représente : elle alerte, elle interpelle.