MICRONICON
Nietzsche dit qu' Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante.
Mon travail commence par le chaos.
Je choisis des revues pour les passer dans un destructeur de document, les réduisant en une multitude de bandelettes de 4mm de large.
Comme un orpailleur, je tamise ensuite patiemment ces kilomètres de déchets de papier, à la recherche de pépites, en quête de minuscules concentrés de beauté plastique, que je prélève et thésaurise.
Après un parcours informatique à travers divers logiciels de traitement d'image, je donne ensuite à ces quelques survivants de 1 à 2 centimètres carrés une autre vie par l'impression sur aluminium en grand format, de 1,4 à 1,60 m de haut sur 25 à 30 cm de large.
Passés de déchets à icônes, ils sont les ÉLUS.
Ce sont des sortes de vanités, de Mémento Mori.
Car la vocation de toutes ces parutions imprimées de par le monde est de disparaitre. Elles occupent une place dans la lumière quelques instants avant d'être remplacées, englouties par le flot de production. Elles sont le symbole de l'impermanence du monde, de sa fragilité. De plus, dès avant leur disparition, ces Élus n'étaient pas remarquables. Ils étaient invisibles, noyées dans la masse, anonymes. Mon travail a rapport à la lutte incessante et universelle contre l'éphémère, contre le précaire, contre l'obscurité de l'anonymat. Je donne à voir la beauté et la préciosité qu'il y a dans les interstices de l'urgence contemporaine.